Tout d’abord je dois te raconter une partie de l’histoire de cette photo. J’avais un « shooting » prévu à une date où les deux jours précédents j’étais aux prises avec une infection aux reins, plus est, la journée même je me préparais à être menstruée après seulement 14 jours d’accalmie de façon très hémorragique. J’avais donc un teint plutôt terne, aucune créativité et surtout beaucoup de fatigue physique. La veille de mon « shooting » j’ai pensé le déplacer pour plus tard quand mon cœur m’a suggéré d’être fidèle à mon approche pour présenter la partie « vulnérable » que nous vivons toutes…ce qui m’a plu.
Ma merveilleuse photographe a tout de suite embarqué dans cette idée et moi j’avais confiance en sa créativité pour que nous puissions créer quelque chose à deux.
Cette photo est particulière…car ma photographe me dit souvent lorsque je suis trop sérieuse, de mettre « un peu de sourire dans mes joues »…. Et cette fois-ci de lui répondre ;
« Mais j’en ai aucune envie et c’est ce que j’ai envie que tu photographies même si ça ne fait pas partie de ce qui devrait ressortir d’un shooting »… je parle ici de notre partie sombre.
Alors voilà l’intro est fait… Je dois admettre que je me sens parfois irritée de voir des « faux semblants » pas juste sur les réseaux sociaux mais aussi dans la vie. Les grandes citations de force du mental, de pensées positives, du pouvoir de notre pensée…et j’en passe ne vibre plus aucune forme de vie en moi. Les belles recettes pour faire ressortir que « le meilleur » de nous-même non plus. Dans mon cœur à moi ça ne règle rien à la source et ça ne fait que mettre du parfum sur notre « caca ». Bref c’est ma perception pour l’avoir essayé pendant la première moitié de ma vie.
Dans les dernières années, à travers l’exploration j’ai pu expérimenter plusieurs mouvements jusqu’à épuisement pour en venir à comprendre que la seule mission de vie qui soit réelle à mon cœur est de vivre avec un esprit libre et un cœur en paix.
C’est à ce moment que j’ai compris que ces parties d’ombre que je tentais d’apprivoiser, de transformer et trop souvent de fuir par le fait même… constituait la seule et unique voie qui puisse me porter vers cet état…et ce qui me porte vers là c’est en fait l’amour…pas celui que l’on a appris à créer dans l’action mais celui qui circule à travers notre souffle de vie, notre âme de façon tout à fait naturelle. Accueillir mes parties d’ombre avec une écoute sans jugement et une présence d’amour inconditionnelle de même façon que j’accueille ma part de lumière. Ce que j’ai vu en citation sous différentes formes et que je croyais avoir intégré le temps que j’étais seule sans conjoint en pleine covid coupé du monde… mais qui n’était pas réel puisque nos parties d’ombre sont souvent déclenchées en présence des autres, de la différence et de l’inconfort.
C’est en me permettant de vivre une vie de couple avec une personne différente de moi que j’ai pu faire face à mes démons intérieurs que je croyais pourtant disparus. C’est en les accueillant dans l’amour avec mon conjoint que j’ai pu les «décharger» de leur colère, leur frustration et de leur tristesse.
Tout ça pour dire que maintenant je comprends que je ne suis pas faite que de lumière. À travers les cycles, la nuit et le jour ont tout autant d’importance pour créer l’équilibre et c’est cet équilibre que je vois maintenant à travers ma vulnérabilité lorsqu’elle se manifeste pour me porter vers la noirceur qui en fait, maintenant que je la connais bien, en vient à me porter vers la compassion et me bercer dans les bras de l’amour tout simplement.
Je la trouve belle ma partie sombre… car elle vient aussi apaiser ma partie lumineuse qui de par les années passées avait tendance à trop vouloir briller et ainsi m’épuiser à travers trop d’actions, de masques et de faux semblants pour répondre aux exigences de succès et de réussite de la société.
Aujourd’hui je peux sentir en moi que j’ai RÉUSSI, même si ça ne correspond pas aux standards de la société… l’important c’est que mon cœur sent la paix et la liberté de l’esprit pour me permettre d’être tout ça et juste ça sans aucune culpabilité de ce qui se manifeste dans le « ici maintenant ».
Simplement et naturellement
Linda Harrisson xx